Le tribunal de district de Jérusalem a statué mercredi contre quatre adolescents juifs qui avaient prié sur le mont du Temple, annulant la décision d’un tribunal inférieur, qui, selon les Palestiniens et la Jordanie, avait légitimé la violation du statu quo sur le site brûlant de Jérusalem.
Les quatre suspects ont été arrêtés la semaine dernière par la police et frappés d’une interdiction de 15 jours de la vieille ville pour s’être prosternés et avoir récité la prière “Shema Yisrael” sur le mont du Temple, en violation du statu quo par lequel les musulmans peuvent visiter et prier sur le site tandis que les non-musulmans ne sont pas autorisés à participer à toute activité rituelle.
Les adolescents ont fait appel de l’interdiction, arguant qu’ils avaient lu des reportages dans les médias dans lesquels le commissaire de la police israélienne, Kobi Shabtai, garantissait aux trois religions la liberté de culte à Jérusalem. Leur défense a été acceptée dimanche par le tribunal de première instance de Jérusalem, qui a annulé leur interdiction de 15 jours. Alors que la portée de la décision était particulièrement étroite, elle a immédiatement suscité la colère de l’Autorité palestinienne, du Hamas et de la Jordanie, amenant le bureau du Premier ministre à publier une déclaration selon laquelle il n’y aurait aucun changement au statu quo.
Le lendemain, la police a annoncé qu’elle ferait appel de la décision, portant l’affaire devant le tribunal de district pour qu’il tranche.
Le juge a jugé mercredi que s’appuyer sur des propos prétendument tenus dans les médias “pour violer des dispositions explicites et annuler les infractions qui leur sont imputées, est pour le moins problématique”.
Un droit à la liberté de culte juif sur le mont du Temple “n’est pas absolu, et il devrait être remplacé par d’autres intérêts, parmi lesquels la sauvegarde de l’ordre public”, a écrit la juge Einat Avman Muller.

Un membre des forces de sécurité israéliennes monte la garde alors qu’un groupe de Juifs entre sur le mont du Temple à Jérusalem, lors du jeûne annuel de Tisha B’Av, le 18 juillet 2021. (Ahmad Gharabli/AFP)
En réponse à la décision, l’avocate des adolescents, Nati Rom, a affirmé qu’« à partir du moment où la décision du tribunal de première instance de Jérusalem a été rendue, une folle campagne de pressions et de menaces a commencé… [aimed at] portant atteinte à l’indépendance du tribunal et polluant le processus judiciaire.
Le Mont du Temple, connu des musulmans sous le nom de Haram al-Sharif, est le site le plus sacré pour les Juifs et le site du troisième sanctuaire le plus sacré de l’Islam. C’est l’épicentre émotionnel du conflit israélo-palestinien, et les tensions y ont été parmi les déclencheurs d’une guerre de 11 jours à Gaza en mai dernier.
La Jordanie soutient depuis longtemps que ses traités avec Israël lui accordent la garde des lieux saints chrétiens et musulmans de Jérusalem ; alors qu’Israël n’a jamais officiellement accepté cette revendication, il accorde l’administration quotidienne du Mont du Temple au Waqf financé par la Jordanie.
L’accord selon lequel les Juifs peuvent visiter le Mont mais pas y prier a été effiloché ces dernières années, car des groupes de Juifs, y compris des nationalistes religieux extrémistes, ont régulièrement visité et prié sur le site. Le gouvernement israélien, néanmoins, dit qu’il est déterminé à maintenir le statu quo, malgré des informations indiquant qu’il a fermé les yeux sur certains Juifs cherchant à prier au Mont.
Pendant la convergence du mois dernier du mois sacré musulman du Ramadan et de la fête juive de la Pâque, le site a vu des affrontements presque quotidiens entre les forces de sécurité israéliennes et les émeutiers palestiniens.